Il y a quelques semaines j’ai eu comme une crise : j’avais plus envie de lire autre chose que des polars ! Je pense que c’est une réaction quasi allergique au classique indigeste que j’ai eu à lire pour mes cours à l’université, qui eut cru qu’un policier puisse être une bouffée d’air frais !
Imaginez une jeune fille de 16 ans, enceinte et vulnérable, que l’on vient d’arracher de force à la douceur de son foyer pour la jeter dans une camionnette crasseuse. Elle est seule, terrifiée… Maintenant, imaginez une jeune fille de 16 ans, enceinte et manipulatrice de génie, que l’on vient de jeter à l’arrière d’une camionnette crasseuse. Dès les premières minutes de son enlèvement, elle se focalise avec calme et détermination sur deux choses : sauver l’enfant qu’elle porte et se venger. Méthodique et calculatrice, elle met au point un plan à l’organisation quasi scientifique où rien n’est laissé au hasard. Sa volonté de fer et son ingéniosité seront ses meilleures armes contre la brutalité de ses oppresseurs et il ne lui restera alors plus qu’à attendre le moment idéal pour lancer son attaque.
Un arbre pousse-t-il en une seule nuit sans que personne l’ait planté? Rude énigme sur laquelle vont buter les trois chercheurs – Matthias le préhistorien, Marc le médiéviste et Lucien le fou de la Grande Guerre – qui habitent chacun un des étages de la maison toute pourrie (mais chronologiquement stratifiée) de la rue Chasle, à Paris.
Dans le jardin de leur voisine, la cantatrice Sophia Siméonidis, un jeune hêtre surgit un beau matin sans que cela préoccupe outre mesure son époux indifférent. Elle, par contre, n’en dort plus. Ses trois voisins ne pourraient-ils lui venir en aide et creuser pour vérifier ce que cachent les racines de l’arbre ?
Ils s’exécutent. Rien.
Puis Sophia Siméonidis disparaît. Puis apparaît Lex, la nièce de Sophia qui adore sa tante mais a tout à gagner à sa mort.
Et puis il y a le Vieux Vandoosler, l’oncle de Marc le médiéviste, l’ancien flic revenu de tout mais pas des femmes; et puis la belle Juliette, l’amie intime de Sophia, propriétaire du Tonneau où Sophia mangeait tous les jeudis à midi.
Entre humour et désenchantement, une histoire de haine et de jalousie vieille de quinze ans trouvera sa conclusion après une série de meurtres plus mystérieux les uns que les autres.
Mon ressenti : Lorsqu’on lit le titre sur la couverture sombre avec son arbre désolé, on pense qu’on s’engage dans une lecture obscure, tout le contraire d’un livre “Feel Good”. S’cusez, j’essaie d’utiliser les nouveaux termes inventés par la blogo.
Finalement, j’ai rarement autant ri en lisant un bouquin, et je ne parle même pas des policiers en particulier ! Je pense que le fait que ce soit un roman francophone à la base, qui ne subit pas l’altération d’une traduction qui aurait pu ternir ou dénaturer l’ humour est un vrai atout. D’ailleurs, c’est aussi pour cette raison que j’ai commencé à lire les romans anglophones en version originale : pour être plus proche de l’auteur !
Ce qui est drôle dans ce roman, ce sont les personnalités si disparates des quatre personnages principaux, enfin surtout des trois personnages principaux ! L’humour se trouve aussi bien dans les personnages qui sont si singuliers et si hauts en couleurs que dans les interactions entre les personnages qui donnent lieux à des discussions absolument anecdotiques et à plusieurs reprises : poilantes !
Marc, Mathias et Lucien sont si différents et nourrissent à la base une telle aversion chacun pour la “profession” de l’autre qu’on croirait le trio voué à l’échec et à la discorde total alors qu’en réalité ça fonctionne mais tellement bien, et c’est à ce trio incongru que l’on s’attache sincèrement !
Le fait que Fred Vargas soit historienne est vraiment un atout très fort ! Dans celui-ci, on ne voyage pas dans le temps comme dans “Temps glaciaires” mais elle a utilisé son expérience autrement : elle a créé chez chacun des trois personnages principaux qui sont tous historiens une aversion pour l’époque dans laquelle les autres sont spécialisés.
L’intrigue est , disons, d’un autre genre que celle de Temps Glaciaires, qui m’avait tant plu ! (lire ma revue en cliquant ici). C’est beaucoup moins compliquée, moins fourni (et accessoirement beaucoup plus court) et ce n’est pas l’enquête de la police qui est mise en avant, mais celle de nos quatre gars.
J’aurais bien du mal à dire lequel des deux j’ai préféré dans la mesure où j’ai du mal à les comparer alors qu’ils viennent de la même plume ! L’un est vraiment captivant, hyper recherché et avec une intrigue de malade tandis que l’autre, même si le dénouement m’a une fois de plus surprise, est moins mouvementé mais plus centré sur les personnages, ce qui n’est pas plus mal. C’était trop court !
Où le trouver ?
Chez la Fnac , 5€70